Bataille d’Alésia, nous sommes le 27 septembre -52 avant J.-C.
La fraîcheur de l’automne est saisissante ce matin. Vous vous réveillez en pleine bataille d’Alésia, à l’intérieur de l’oppidum d’Alésia, quelque part dans le Morvan. Soudain, votre gorge se noue. Bien sûr, vous êtes prêt à mourir pour « lui » mais un sentiment angoissant vous envahit. Est-ce la peur de ne pas savoir mourir dans d’atroces tortures, peur de mourir dans l’infamie ? Du haut de la place forte, votre regard ne peut se détacher des milliers de soldats agonisant dans la plaine, tandis qu’au loin, l’armée gauloise de secours s’éloigne inexorablement, pourchassée par des cavaliers de Jules César. L’encerclement est total, de moins en moins de solutions. Séance tenante, Vercingétorix vous convoque et vous propose de le livrer ou de le laisser se rendre. Ah ! Si seulement vous aviez donné votre propre vie au combat, peut-être aurions-nous vaincu ces satanés Romains et fait en sorte que le ciel leur tombe sur la tête. Comment avez-vous pu en arriver là, vous qui venant de toute part, avez été parmi les premiers à suivre ce chef charismatique ? Que va devenir la Gaule maintenant et que vont devenir nos familles ? Elles vont être vendues comme esclaves à moins qu’elles ne soient massacrées elles aussi.
Rassurez-vous, ce n’est qu’un mauvais rêve
Pourtant, comme vous, beaucoup d’historiens ont tenté d’apporter des réponses à l’issue de la bataille d’Alésia. L’énigme reste à résoudre. Alors, pourquoi ne pas poser des questions souvent plus importantes que les réponses elles-mêmes ? Et si nous menions l’enquête avec un autre regard sur les informations dont dispose le grand public ? Pourquoi ne pas saisir ce pretexte pour visiter le Val de Loire ?
Partons à l’aventure et menons l’enquête sur la bataille d’Alésia
Il n’existe que peu de sources pour relater les faits. Toutefois, à lire l’édition française de la guerre des Gaules, une œuvre passionnante et pleine de rebondissements, on commence déjà à vouloir côtoyer le personnage de Vercingétorix. On perçoit même, entre les lignes, les intentions de César. Serait-ce parce que cette bataille a constitué le tournant de l’histoire de la France ? Avouons-le, pour beaucoup d’entre nous, Vercingétorix, c’est ce type qui a gagné sur le plateau de Gergovie, un peu comme l’équipe de France de football lors de la coupe du monde de 2018. C’est aussi celui qui s’est fait battre à la bataille d’Alésia, comme l’équipe de France en 2006. On met souvent les défaites sur le compte sur cette indiscipline qu’on a nous les Gaulois. Est-ce si simple ?
Retour sur les lieux du drame
Plantons le décor. Votre aventure commence dans un bain de sang un an auparavant. Sur un territoire plus vaste que la France actuelle, se côtoie une centaine de peuples dominés par de riches familles. Comment vivent les gaulois ? Ils pratiquent l’agriculture, l’élevage, ne mangent des sangliers que lors des banquets. Ils ne consomment sans doute pas de cerfs et biches non plus mais boivent du vin d’Italie. Un des plus grands centres de logistique viticole de cette époque est encore visible à Châteaumeillant, dans le département du Cher. Les terres sont aussi déboisées qu’aujourd’hui et les fermes isolées ressemblent aux paysages de la Creuse aujourd’hui. Avec les mines d’or et d’argent, ils sont de remarquables orfèvres dont on peut admirer les œuvres musée d’archéologie d’Orléans ainsi qu’au musée d’archéologie nationale de Saint Germain en Laye de Saint Germain en Laye. ce sont aussi des d’industriels et bien sûr des commerçants ayant depuis longtemps des contacts avec les grecs. Ils ont même établi des colonies en Anatolie (actuelle Turquie centrale).
Pourquoi éclate la Guerre des Gaules ?
Quelle mouche les a donc piqués alors que les relations avec Rome étaient florissantes ? Toujours est-il qu’une révolte éclate dans Cenabum, aujourd’hui Orléans parmi le peuple Carnute. Les commerçants romains y sont massacrés. Et cela, César ne l’apprécie pas du tout.
La Gaule est la chasse gardée de César
En -58 avant J.C., il a alors une quarantaine d’années et rêve de prendre le pouvoir pour le bien du peuple (comme toujours). Il a donc besoin d’argent et de prestige. Prenant prétexte de sauvegarder la Province (aujourd’hui la Provence) contre la migration des Helvètes vers l’Aquitaine, Il lance ses légions et bat tour à tour les peuples rebelles du nord et de l’ouest. Ramassant un énorme butin, il conclut des accords avec les jeunes princes Arvernes (Auvergne) et Eduens (Bourgogne-Franche Comté et Morvan), entre autres. Leur promettant le pouvoir dès que le calme sera revenu, il les emmène à Rome comme otages (invités d’honneurs, garantissant la paix). Parmi eux, l’Arverne Vercingétorix (prononcez Ouerkingetoriks) est même compagnon de tente de César. Servant probablement comme auxiliaire dans l’armée romaine, il y apprend toutes les tactiques et stratégies mais nous y reviendrons plus tard. Au bout de six ans, ces princes perdent patience. Une grande sécheresse précède également les troubles en -54 et -53. Il n’est donc pas impossible que les mauvaises récoltes aient de lourdes conséquences tandis que les différents peuples croulent sous les tributs et prélèvements de tous genres.
Comment la bataille d’Alésia a commencé en Val de Loire
C’est ainsi que se serait décidée cette rébellion, fomentée par des aristocrates Carnutes (peuple vivant entre Chartres et le Cher), peut-être à l’issue de la réunion annuelle du conseil de la Gaule, quelque part dans la forêt d’Orléans. Il faut absolument contempler la canopée de cette forêt du haut du belvédère des Caillettes pour saisir tout le côté profond et mystérieux du choix d’un tel lieu pour des décisions si graves. Vercingétorix aurait-il manipulé cette assemblée ? Les Orléanais avaient-ils conscience de se trouver au cœur du destin de la France ? D’ailleurs, y aura-t-il vraiment rupture totale entre l’ancien monde et l’ère gallo-romaine ?
Jules César remonte ses troupes vers Orléans
César, qui se trouvait alors à Rome pour résoudre des problèmes de politique intérieure avec Pompée, se dépêche de revenir dans sa « Province » et remonte vers le Val de Loire avec ses légions. Il pille et brûle Orléans. Noviodunum (sans doute Neung sur Beuvron), assiégée, en fera également les frais. On y devine encore les restes des murs de l’oppidum et la voie gauloise qu’a empruntée César.
Quand Vercingétorix affame l’armée romaine
C’est alors que Vercingétorix change de tactique. Refusant le combat à la romaine où d’énormes formations s’affrontent, il pratique la politique de la « terre brûlée ». Détruisant blé et fourrage, il vise à affamer les troupes de César et le forcer à repartir dans son pays définitivement. Seuls les habitants d’Avaricum (prononcez Aouarikoum, aujourd’hui Bourges) réussissent à le convaincre d’y renoncer. César les massacrera, ne laissant que 800 survivants sur les 40 000 habitants. S’ensuit une course poursuite entre les deux adversaires jusqu’à Gergovie où l’on célèbrera enfin « la » victoire gauloise. Les Eduens, ce peuple commerçant et considéré comme frère de Rome, décident de rejoindre, désormais, le camp des révoltés. Paradoxaux, ces Eduens ! Il faut dire que la guerre des Gaules est aussi affaire de négociations, de pot-de-vins et d’espionnage de la part des deux parties. Après cette déconvenue, César rejoint à proximité de Sens, l’armée de son lieutenant Titus Labienus qui vient de vaincre les futurs parisiens puis il reprend le chemin de la Province.
Que va devenir Vercingétorix ?
César est-il à court de ressources et s’enfuit-il vers la Provence ? Prépare-t-il au contraire un coup de génie ? Que fera Vercingétorix ? Vous le saurez en lisant la deuxième partie de l’article Pourquoi Vercingétorix a perdu la bataille d’Alésia…