27 septembre –52 avant J.-C
L’air est vif, chargé d’humidité et de cendres. La brume s’accroche aux flancs des collines comme une bête apeurée. Autour de toi, les cris étouffés, les râles de souffrance, les visages noirs de boue et de sang : tu es dans l’oppidum, au beau milieu de la bataille d’Alésia. Assiégé. Piégé. Perdu ?
En contrebas, dans la plaine des Laumes, une mer de corps gît, mêlant les armures rutilantes aux torques brisés. L’armée gauloise de secours bat en retraite, traquée comme du gibier par la cavalerie de Jules César. Et toi, simple soldat, tu fixes Vercingétorix, ton chef, ton espoir, ton héros. Il est là, debout, sombre et fier, devant vous tous, la mâchoire serrée. Une question unique traverse les regards : comment en est-on arrivé là ?
Chapitre I – Une énigme vieille de deux mille ans

Car ce jour-là, ce n’est pas seulement une armée qui s’est rendue. C’est tout un peuple qui a plié. C’est la Gaule libre qui a vacillé, avant de devenir gallo-romaine, avant de devenir… la France. Ce jour-là, l’Histoire a changé de camp.
Mais derrière le fracas des armes, un mystère demeure. Pourquoi, bon sang, Vercingétorix, ce génie militaire, ancien compagnon de tente de César lui-même, s’est-il laissé enfermer dans Alésia, cette forteresse encerclable ? Pourquoi cet homme, qui connaissait chaque ruse romaine, a-t-il accepté de devenir souris dans la nasse ?
Les historiens n’en reviennent toujours pas. Napoléon lui-même s’est cassé les dents sur cette énigme. Et si aujourd’hui, sans être expert, vous pouviez mener l’enquête vous-même ? Une enquête grandeur nature, en arpentant les chemins du Val de Loire, des plateaux du Morvan, des forêts d’Orléans jusqu’aux ruines d’Alésia ?
Chapitre II – Tout commence à Orléans

L’histoire ne débute pas à Alésia. Elle commence dans la grande canopée de la forêt d’Orléans, là où le peuple des Carnutes a allumé la mèche de la révolte. Imaginez la scène : des chefs de clans venus de toute la Gaule réunis en secret, dans l’ombre des grands chênes. Les mots grondent. Le nom de César revient comme une malédiction. Puis la décision tombe, terrible et irrévocable : les commerçants romains de Cenabum seront massacrés. Et ils le sont.
Orléans devient le berceau d’un soulèvement. Une étincelle dans un champ de poudre. Et très vite, un nom s’impose pour conduire les peuples unis : Vercingétorix. Jules César, qui se trouvait alors à Rome pour résoudre des problèmes de politique intérieure avec Pompée, se dépêche de revenir dans sa « Province » et remonte vers le Val de Loire avec ses légions. Il pille et brûle Orléans. Noviodunum (sans doute Neung sur Beuvron), assiégée, en fera également les frais. Tandis qu’Avaricum (prononcez Aouarikoum, aujourd’hui Bourges), César ne laissera que 800 survivants sur les 40 000 habitants.
Mais qui sont réellement ces gaulois


Comment vivent les gaulois ? Ils pratiquent l’agriculture, l’élevage, ne mangent des sangliers que lors des banquets. Ils ne consomment sans doute pas de cerfs et biches non plus mais boivent du vin d’Italie. Un des plus grands centres de logistique viticole de cette époque est encore visible à Châteaumeillant, dans le département du Cher. Les terres sont aussi déboisées qu’aujourd’hui et les fermes isolées ressemblent aux paysages de la Creuse aujourd’hui. Avec les mines d’or et d’argent, ils sont de remarquables orfèvres dont on peut admirer les œuvres musée d’archéologie d’Orléans ainsi qu’au musée d’archéologie nationale de Saint Germain en Laye de Saint Germain en Laye. ce sont aussi des d’industriels et bien sûr des commerçants ayant depuis longtemps des contacts avec les grecs. Ils ont même établi des colonies en Anatolie (actuelle Turquie centrale).
Chapitre III – Le fils des montagnes et du destin


Vercingétorix (prononcez Ouerguén’torix) dont le nom signifie Roi-suprême-des-Guerriers, n’est pas un barbare. Aristocrate arverne (un des peuples gaulois les plus puissants), il a mangé à la table de César et dormi sous sa tente. Cet ancien auxiliaire dans l’armée romaine connaît ses pensées, ses peurs, ses plans. Il parle latin. Il parle grec. Mais il reste Gaulois.
Charismatique, jeune, impétueux mais brillant, il réussit l’impossible : unir une centaine de peuples ennemis sous une seule bannière. À sa manière, il est notre premier général national. Il gagne à Gergovie, il affame les Romains avec la stratégie de la terre brûlée, il fait vaciller l’Empire.
Mais voilà qu’un jour, dans les vallées encaissées du Morvan, tout bascule.
Que va devenir Vercingétorix ?
César est-il à court de ressources et s’enfuit-il vers la Provence ? Prépare-t-il au contraire un coup de génie ? Que fera Vercingétorix ? Vous le saurez en lisant la deuxième partie de l’article Pourquoi Vercingétorix a perdu la bataille d’Alésia…
[…] du Gâtinais et la quasi-totalité de l’Orléanais ? Certains la prétendent même « forêt des Carnutes » où les druides se réunissaient chaque année. Devenue royale à l’avènement des […]