Comment une route de campagne mène à un trésor
La Pietà de Jehan Fouquet, vous connaissez ? Sur une modeste départementale d’Indre et Loire, plus précisément dans la campagne lochoise, vous êtes sur le point de découvrir, par hasard, un trésor extraordinaire. Il existe bien des merveilles à visiter dans cette partie du Val de Loire : Le château de Chenonceau, Amboise, Tours, … Pourtant, ce sont sur d’étroites routes vallonnées, que se vit une aventure pas comme les autres. Un panneau indique : Pietà de Jehan Fouquet à Nouans les Fontaines, pourquoi pas après tout ? Dans un petit village de 600 habitants en Indre et Loire, une petite église, surprise, elle est encore ouverte un dimanche soir. A l’intérieur, point de statue de la vierge mais un tableau à peine éclairé, derrière l’autel. En se rapprochant, vos yeux s’écarquillent. Vous venez probablement de faire la découverte de votre vie. Vous voici nez à nez avec l’œuvre originale d’un des plus grands peintres du XVème siècle : La Pietà de Jehan Fouquet.
Découvrez un tableau extraordinaire
D’habitude, vous ne pouvez admirer de telles œuvres d’art que dans de grands musées bardés de multiples interdictions vous éloignant autant de son créateur. Ici, vous voici plongé directement, dans le merveilleux. Même aux yeux d’un amateur, cette peinture sur bois de noyer impressionne immédiatement par un je ne sais quoi de très émouvant. Le tableau, immense, plus de 2,50 mètres de large, représente Nicodème et Joseph d’Arimathie, descendant le corps du Christ pour le remettre à sa mère. Ici tout est original, la façon d’aborder le sujet, on ne connait qu’un autre tableau qui lui ressemble. Les sentiments sont contenus. C’est à peine si l’on distingue la tristesse émanant du regard de la Vierge. Aucune goutte de sang ne s’échappe des plaies du Christ. Mais Jehan Fouquet est aussi un des premiers peintres à traiter de la perspective en appliquant différentes couleurs pour faire ressortir l’espace.
L’histoire de la Pietà de Jehan Fouquet est vraiment romanesque
Mais l’histoire de la Pietà de Jehan Fouquet ou Pietà de Nouans est encore plus extraordinaire. Rien n’est connu des origines de ce tableau, ni le commanditaire, ni le lieu auquel il était destiné. Peint en pleine guerre de Cent ans vers 1450, il fut oublié pendant quatre siècles jusqu’à une journée pluvieuse de 1911. Paul Vitry, conservateur des statues du Musée du Louvre, se promenait en bicyclette lorsqu’une averse l’obligea à se réfugier dans la petite église de Nouans les Fontaines. Là, il reconnut, par hasard, la Pietà de Jehan Fouquet. Et c’est ainsi que notre tableau se retrouva à la Royal Academy de Londres, en 1932, participant à l’exposition en l’honneur de l’art français. Restauré en 1980, il conserve depuis fièrement sa place dans l’église Saint-Martin de Nouans les Fontaines. Curieux destin quand même, comment un tel joyau peut encore se contempler, si simplement, dans une petite église de campagne ? Alors ne manquez pas un tel retour aux sources de la beauté !
Qui donc est Jehan Fouquet, un des plus grands peintres du XVème siècle ?
L’histoire de Jehan Fouquet est cousue de mystères. On ne sait pas quand il est né, sans doute entre 1415 et 1425, à Tours. On ne sait pas non plus quand il est mort, peut-être vers 1480. En revanche, il a voyagé à Rome où il fut vraisemblablement inspiré par les effets de lumières de Fra Angelico. La Pietà de Nouans révèle également son admiration pour les primitifs flamands tels Van Eyck. Jehan Fouquet est assurément original. Il pratiqua l’émail peint, le vitrail, la tapisserie. Il fut aussi metteur en scène et organisateur de spectacles royaux. Son art le désigne comme un des plus grands peintres du XVème siècle. Pourtant, il ne fut reconnu officiellement « peintre du roy » que tardivement, sous Louis XI.
